Nous aurons quatre mains sur le piano des jours
A Idaline
Je ne tenais au monde
Que par les démons du Poème.
Je leur offrais musique et vin.
J’étais sans yeux pour l’avenir.
Et tu vins, toi, comme un été.
J’irai cueillir, infatigable
Enfant sur ta lèvre en prison
La mûre inaccessible aux dieux.
J’irai chercher plus haut, plus loin
Qu’à tes salives de framboises
Le suc des heures immarcescibles.
Nous aurons quatre mains sur le piano des jours
Mille draps, mille vies, mille phrases
Et les quatre saisons ne seront pas de trop.
* * * * *
Si j’ai grandi en tournesol
En primitif à front de ciel
Crapahutant sonore et glabre
Anachorète-enfant des blés
Poète à pulpe et à chemins
Pensées allaitées à l’éclair
C’était, très tôt, pour dire « adieu »
Comme on se cale à fond de barque
Abandonnant les rames au lac.
C’est aujourd’hui pour dire « je t’aime »
Et laper ciel et terre à ta peau d’amoureuse.
* * * * *
Souviens-toi de Tourettes !
Délivrés des huis-clos fatidiques d’hier
Nos deux âmes infusaient doucement l’une en l’autre.
La vie ne venait plus pour rien
S’ouvrait comme jamais.
Je te hissais dans le Poème
Dont tu formais sans le savoir tous les sommets.
* * * * *
J’avais hâte
Et de vivre et d’écrire
Et je ne savais plus
Du soleil ou de toi
Qui me faisait trembler.
* * * * *
Toi, soleil
Au trop plein d’infini
Toi, l’aimée
Où voyagent mes sèves
Vous voir devrait suffire !
Vous voir et vous aimer au moment où vous êtes !
Mais votre coude-à-coude à l’étau du néant
Votre poignant miracle à nouveau m’écartèle.
Je ne peux aujourd’hui vous aimer
Sans vertige.
L’affolement de vivre est en crue sous la peau.
* * * * *
Plénitude conquise
De tes draps odorants
Jusqu’à ces infinis où jamais aucun mot
N’aura su me nommer
J’approchais, tout en nage, ta part impossédable.
Et au matin la Terre
Où tant de corps pourtant s’agglutinent
Et dérivent…
La Terre et l’horizon
Nous incitaient à voir, à sentir, à aimer
Nous reprenaient vivants dans leur jeunesse indemne.
Nous n’avions pas de rêves.
La profondeur des jours les rendait inutiles.
* * * * *
Ces jours-là aujourd’hui
Me reprennent inflexible à leur ligne de vol.
Toute phrase plus nue
A hauteur terrifiée de l’une-fois-seulement
Je chausse l’alphabet
J’embarque pour les ciels enfantés de tes yeux
Pour les ciels tout autour
Que d’être et de sourire tu rendais invincibles.
* * * * *
Raisons de vivre
Par toi se multiplient.
* * * * *
Tu me dis :
Mais l’amour meurt au quotidien !
Je te dis :
Pense à ceux qui sont morts
Qui troqueraient le dieu pour revivre en nos sueurs
Pour revivre au plus nu quotidien de nos yeux !
Et pense au jour qui monte !
* * * * *
Car cette vie
Qui s’improvise
Qui lègue à d’autres nos saisons
L’ancienne façon de dormir
C’est du grand large à plein poumon.
La vie à l’avant
Plus fragile
Comme orpheline est toute fleur
Au moment de quitter sa nuit
Pleurer tient sa moitié du ciel.
Paupière élue de l’aujourd’hui
Au lit baldaquin
Du Poème
Prend date aux arches de nos cils
Pour les automnes d’abat-jour.
* * * * *
Toujours dans tout soleil maintenant qui viendra
Quelque chose de toi y sera l’à-jamais.
Voici les plus beaux Poèmes d’Amour que j’ai jamais lus (et je n’en veux pas lire d’autres! Car ceux-là me suffisent absolument et inconditionnellement).
Le Poète David bijou va Crescendo dans son Art, de Sommets en Sommets, plus élevés encore.
Son Ascension donne le vertige conjugué de la Hauteur et de la Profondeur.
Le Poète ici parvient à unir son Expérience subjective et intime (à Lui seul connue) et ce que nous pouvons objectivement saisir, nous Autres, Lecteurs de l’ Amour et Contemplateurs de la Beauté, de cet Amour et de cette Beauté de la Nature, de l’Être, de l’Esprit et du Sentiment.
Dans cette Symphonie concertante à quatre Mains, dans cet Hymne à la Joie et à l’Amour, sonne et résonne toute l’Éternité.
Car dans ce « coude à coude à l’étau du Néant », « votre poignant miracle à nouveau m’écartèle ».
Encore !!… Encore!!… Nous ne serons jamais rassasiés d’une telle Poésie d’inextinguible et d’immémoriale Soif. Bravo et Merci.
Très beaux poèmes on dirait voir une source lyrique un très beau chant d’amour à vouloir croire à la merveille. Bravo ! Laurent Desvoux-D’Yrek du Verbe Poaimer
Je ne jalouse pas le poète pour la femme aimée- bas instincts de possession !- je lui vole ses mots et les fais miens tant ils expriment la fusion des corps et ds coeurs.